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FIAT LUX ! OU L'AVENTURE ELECTRIQUE EN PAYS PELAUD

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Lorsque reviennent Noël, la Saint-Sylvestre, les fêtes de fin d’année, la ville d’Eymoutiers retrouve ses illuminations traditionnelles. La première apparition de la fée électricité dans notre commune remonte à 1909, justement à Noël. On a pu donc, en 2009, célébrer le 100ème anniversaire de cet événement !

Si Bourganeuf connaissait déjà cet immense progrès depuis 1886, grâce à l’usine du verdier, puis à celle des Jarrauds, Eymoutiers n’en reste pas moins l’une des premières villes éclairées à l’électricité grâce à l’usine de Chamaillas. Dés 1904, la municipalité du docteur Pradet avait jeté les bases de ce grand projet. La première concession fut octroyée à monsieur de Romanet qui s’engageait à ce que la première livraison d’électricité ait lieu pour le Premier janvier 1905. Mais les difficultés rencontrées furent telles que monsieur de Romanet dû renoncer en 1906 et verser d’importantes indemnités à la commune. La concession fut alors accordée à Monsieur Emeric de Foucauld. La Vienne, barrée à 650 m en amont, fournissait, par un canal, l’eau pour alimenter une turbine hydraulique Sundgrün de 150 chevaux qui entraînait deux alternateurs de 65 KW. Ils fournissaient, dés le mois de décembre 1909, un courant alternatif triphasé de 3000 volts et de 50 périodes qui était transporté par une ligne d’environ 3 km et transformé dans deux postes à Eymoutiers. Ils étaient reliés par téléphone à l’usine de Charnaillas. L’exploitation et la distribution étaient assurées par seulement deux personnes. Le KW était vendu 50 c (environ 0,05 € actuel) pour l’éclairage et 25 c pour la force.

L’éclairage public était assuré par 22 lampes à arc d’un pouvoir éclairant de 600 bougies et 100 lampes à incandescence de 16 bougies. La distribution connut quelques problèmes, notamment pendant la période de la guerre de 14-18 où il était devenu quasi impossible de trouver des lampes pour remplacer celles qui étaient grillées ou détériorées. Le concessionnaire et la commune eurent certains conflits quant à l’exécution du contrat, le Conseil Municipal allant jusqu’à refuser l’augmentation des tarifs proposée par Monsieur de Foucauld en 1921 et envisageant même le rachat de la concession. Finalement celle-ci fut cédée le 27 décembre 1931 à l’Union Electrique Rurale.

La Compagnie des Chemins de Fer Départementaux de la Haute-Vienne mit la majorité de ses lignes de tramway en service en 1912 et notamment la 4 entre Limoges et Peyrat-le-Château, via Eymoutiers. Pour alimenter son réseau en électricité, elle disposait de l’usine hydraulique de Bussy et d’une autre, à vapeur située à l’Aurence, près de Limoges et qui était surtout utilisée quand la Vienne était trop basse à Eymoutiers. Un barrage de 5000 m3, en maçonnerie et de 11 mètres de haut fut établi, au-dessous de Couégnas, au lieu-dit Mingonnat. Sa construction, comme celle de l’usine dura de 1910 à 1912.

Elle nécessita une main d’œuvre abondante, souvent étrangère. Les lourdes charges déposées des wagons à la gare d’Eymoutiers, par des engins de lavage, étaient acheminées jusqu’au chantier sur des fardiers tirés par des bœufs.Ce barrage alimente une usine électrique située au-dessous de Bussy, à l’extrémité d’un canal de dérivation de 1,6 km de long et dont trois parties sont souterraines. Une conduite forcée de 1,70 m de diamètre et de 117 m de long, pour une hauteur de chute de 50 m amenait l’eau qui entraînait deux turbines de 1 200 CVLes turbines faisaient fonctionner un alternateur qui fournissait un courant alternatif de 850 V. L’énergie produite était transportée par une ligne à haute tension jusqu’à l’usine de l’Aurence où elle était dispatchée sur tout le réseau.Sur la ligne 4, circulaient des motrices à boogies, souvent attelées de remorques voyageurs ou marchandises. Les convois étaient souvent mixtes et chaque voiture offrait 21 places assises en secondes et 8 en première classe.En 1914, il fallait 3 heures 10 pour se rendre de Limoges à Eymoutiers par le tram (53 km) et 30 minutes supplémentaires pour couvrir les 11 km restant encore pour rejoindre Peyrat ; soit, en comptant le temps des arrêts. Une moyenne horaire d’environ 18 Km ! Il en coûtait, de Limoges à Eymoutiers, 3,80 Fen première et 2,45 F en seconde. D’Eymoutiers à Peyrat, le prix était 1 F en première et 40 centimes en seconde classe. Mais le barrage, s’il favorisa le progrès en permettant l’arrivée du rail au plus profond des campagnes, ne fit pas le bonheur des pêcheurs : le saumon qui remontait alors la Vienne en abondance se heurtait à la muraille et ne pouvait plus rejoindre ses zones de ponte. La construction d’une échelle à poisson fut décidée mais elle s’avéra inefficace du fait de la trop faible largeur des marches. D’autres barrages construits sur la Vienne sonnèrent le glas du saumon dans la rivière. Et dire que certains anciens contrats de louage de la Rivière interdisaient d’en servir plus de trois fois par semaine !

Nos deux usines de Charnaillas et de Bussy, bientôt centenaires, intégrées après la Seconde Guerre Mondiale au réseau EDF ont été automatisées, mais continuent à fonctionner et à apporter leur contribution à l’approvisionnement énergétique de notre région.

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