Fanfare « l’Avenir d’Eymoutiers »
La fanfare d’Eymoutiers a une origine ancienne, deux subventions de 300 francs lui ont été attribuées par le Conseil Municipal en 1877 et 1878. Elle tombera ensuite en sommeil et, en 1884, la Municipalité demandera aux détenteurs d’instruments de musique de les restituer à la Commune qui en était restée propriétaire. Cette requête semble avoir eu des effets peu efficaces, en effet la même demande est de nouveau formulée en 1886.
Une tentative infructueuse aura lieu en 1887 pour créer une nouvelle société musicale et ce malgré une subvention de 500 francs votée par le Conseil Municipal. Finalement la fanfare réapparaîtra en 1892 à la demande de la population d’Eymoutiers et à l’instigation de la municipalité Pradet. A cette époque, une somme de 800 francs est proposée pour acheter des instruments de musique.
Au Conseil Municipal du 13 novembre 1892, s’est engagée une vive discussion entre deux parties. Certains conseillers souhaitaient que la société nouvelle soit municipale. Pour eux, vu qu’elle bénéfice de fonds pour l’achat d’instruments, elle doit rester dans le giron communal et des membres du Conseil doivent siéger dans son Bureau. Le Maire et d’autres conseillers pensent que la société doit rester libre et tenue en dehors de toute question politique. Une commission sera élue et l’idée d’une fanfare municipale l’emportera alors.
La commission se réunira dès le 14 novembre. De cette rencontre entre les Conseillers et les membres du bureau de la société, il sortira un compromis d’où ressortent les cinq points suivants :
- La fanfare d’Eymoutiers restera une société libre.
- Le Maire d’Eymoutiers en sera le Président de droit.
- Un vice-Président sera élu par les seuls membres exécutants et devra être membre du Conseil Municipal.
- Les autres membres du Bureau seront élus par les membres de la société et choisis parmi eux.
- Les instruments payés par la Commune resteront sa propriété.
Lors du Conseil Municipal suivant les débats seront encore très animés mais la proposition sera finalement acceptée. Le Maire expose ensuite que les cotisations des membres seront suffisantes pour payer le traitement du chef de musique. Il propose que 100 francs soient réservés comme indemnité pour un cours complémentaire de musique à faire à l’école communale de garçons, de consacrer 500 francs à l’achat d’instrument de musique et de prendre les 300 francs manquant sur la subvention au deuxième vicaire qui n’a pas été dépensée faute de titulaire. Là encore, une longue discussion s’est engagée et, soumise au vote, cette proposition a été adoptée.
Deux Conseillers, partisans d’une société musicale municipale, font part au Maire du fait qu’ils auraient été sujet d’insultes par des jeunes gens (faisant partie des musiciens) dans les couloirs de la Mairie, alors qu’ils se rendaient à la Commission de la fanfare. Ces faits se seraient reproduits dans la rue. Le Maire, rappelant qu’il fera respecter l’ordre public, a souhaité calmer les esprits et ne pas donner trop d’importance à ce qu’il a appelé des gamineries. Il a ajouté que « quelques coups de sifflets ne doivent pas émouvoir des hommes jouant un rôle public ».
La fanfare prendra l’appellation « d’Avenir d’Eymoutiers ». Au début du siècle, sous la présidence de Joseph Leclert et sous la direction du chef Lascoux, inspecteur des Impôts dans le civil, elle connaîtra son plein essor avec 42 exécutants. Créée avec une vingtaine de participants, son effectif atteindra la cinquantaine avant la guerre de 14.
Vers 1910, les répétitions se tenaient une fois par semaine dans la Tour Orliange (la Vieille Tour) et seules deux ou trois marches étaient au répertoire, reprises avec les mêmes refrains lors des défilés et quand le public réclamait comme toujours : « une autre, une autre, … »
Le signe de reconnaissance était la casquette bleu marine, pas de costumes et l’habillement était des plus varié.
Elle participait à toutes les fêtes d’Eymoutiers et donnait des concerts sur la place d’Armes et une aubade au 1er janvier. Elle se déplaçait pour animer les manifestations des communes environnantes.
La fanfare d’Eymoutiers, presque exclusivement constituée de cuivres (saxo, piston, alto, basse, tambour, grosse caisse), exécutait une musique de qualité. D’ailleurs, un de ses membres, Georges Jacquet dit Friquet fera partie de la musique de la Garde Républicaine. Sur certaines photos de notre société de musique, on distingue Jean Dumont dit Baron, le père du chanteur Charles Dumont. Jean Dumont et Léon Serru seront d’ailleurs, dans les années 80, les deux derniers survivants de la fanfare d’avant 14.
Elle a participé à la fameuse fête du Commerce et de l’Industrie du 18 août 1912 où elle a certainement interprété son morceau favori, « Poète et Paysan ».
Quelques sociétés culturelles et sportives ont commencé à se développer à Eymoutiers au début du XXème siècle. La Joyeuse rassemblait un groupe de gais lurons qui donnaient dans le théâtre et la variété de style chansonnier. L’Etoile Sportive d’Eymoutiers (E.S.E.) était une société de gymnastique fondée par M. Leclert. Les réunions et entraînements avaient lieu dans une maison du bas de la rue des Ursulines où une étoile peinte sur le mur a longtemps subsisté. Elle défilait le 14 juillet devant la fanfare et les groupes des pêcheurs à la ligne se rendant sur les Porots. Pour ces grands concours de pêche, même des sociétés de Limoges se déplaçaient.
Pendant la guerre de 14, la fanfare s’est tue. Un nombre important de ses participants ne reviendra pas. Malgré cette dîme douloureusement prélevée, elle renaîtra après le conflit sous l’impulsion de Marcel Degabriel puis de Louis Labyre Une de ses dernières prestations eut lieu le 14 juillet 1946 à l’occasion d’un défilé en ville et d’une fête omnisports au stade municipal.
En 1980, l’idée de refaire de la musique à Eymoutiers s’est faite jour, mais s’est vers une Ecole de Musique qui existe toujours que s’est orienté alors le Conseil Municipal. Ouverte en mai 1980 sous le statut associatif, elle se transformera ensuite en SIVOC (Syndicat Intercommunal à Vocation Culturelle), enfin elle intégrera les services de la Communauté de Communes des Portes de Vassivière. Elle sera abritée, à ses débuts dans les locaux de la rue des Ursulines du vieux Collège. Devenue école de musique, elle rejoindra la maison des Associations du Pré Lanaud, aujourd’hui totalement rénovée.